Salut et bienvenue dans notre nouvel épisode de la Tech à l’Envers, le média qui s’intéresse à l’envers de la Tech pour en développer un usage responsable et respectueux de notre vie privée. Je m’appelle Clément Donzel et suis expert en cybersécurité et défenseur de notre vie privée numérique.
Aujourd’hui, on s’intéresse à la manière dont nous consommation l’information. L’Institut Reuters vient de publier la 14e édition de son rapport sur les pratiques informationnelles de 48 pays, dont la France. Allez, on se met à table pour décortiquer le rapport.
Comme on pouvait s’y attendre, la situation pour les médias traditionnelles est contrastée à travers le monde. Et oui, les nouveaux usages modifient en profondeur notre consommation de l’information. Car oui, l’information est devenue un bien de consommation comme un autre, souvent produite gratuitement, elle peut contenir un certain nombre d’ingrédients et d’additifs nocifs, générer une infobésité et voir même produire des effets hallucinogènes et complotistes chez certaines personnes vulnérables.
Aux États-Unis, pour la première fois, les réseaux sociaux et les plateformes de vidéo dépassent la télévision comme source première d’information, tout un symbole. La grande messe du 20h est dite.
En France, l’année passée a été riche en actualité plus ou moins heureuse, entre les JO de Paris, la dissolution de l’assemblée nationale ou encore l’affaire des viols de Mazan, la confiance dans les médias a continué de s’effriter avec moins d’un tiers des personnes interrogées seulement qui estiment qu’on peut globalement leur faire confiance.
Si les diffuseurs publics comme France Télévisions, Radio France et la presse locale bénéficient encore de la confiance d’une majorité de français, ce n’est pas le cas des chaines d’informations en continue qui sont vue comme trop gourmandes en contenu polémiques. Cela fait écho notamment à l’essai, ou plutôt au manifeste d’Olivier Legrain, ancien industriel et militant d’une presse indépendante qui nous livre dans Sauver l’information de l’emprise des milliardaires sa recette pour lutter contre la concentration des médias. Médias qui rappelons-le sont pour l’essentiel aux mains d’une pincée de capitaines d’industrie et qui ferait porter un risque à notre douce démocratie. L’ARCOM, l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, frôlant l’indigestion, a notamment décidé de retirer la fréquence de diffusion de C8 suite à de trop nombreux dérapages.
Dans un monde ou les revenus de la publicité en ligne sont majoritairement captés par les deux ogres que sont Google et Meta (60 % du marché à eux deux), la situation ne devrait pas s’améliorer. D’autant plus que seulement un français sur 10 est prêt à payer pour une information de qualité. Nous avons été probablement trop habitués à consommer de l’information gratuite, trop grasse, et trop industrielle.
Sans grande surprise, la consommation de l’information évolue avec nos usages. Difficile pour la télé, bien installée dans notre salon, de résister à notre appétit grandissant pour le smartphone qui nous suit partout, tout le temps, avec ses applications gourmandes en tant de cerveau disponible, ses podcasts, ses réseaux sociaux calorifiques et ses grands chefs cuisiniers qui nous font saliver les papilles sur TikTok.
L’abandon du fact checking notamment par Meta qui a décidé de supprimer toutes les équipes de modération risque en plus d’apporter une belle visibilité à toutes les théories complotistes et aux campagnes de déstabilisation amplifiées par les algorithmes de la plateforme. Une belle indigestion en vue. Côté TikTok, si seulement 12 % des utilisateurs consulte le réseau chinois pour s’informer, s’est 4 % de plus que l’année passée et autant de personnes susceptibles de succomber aux sirènes complotistes et aux bulles de filtres.
Et attention aux bruleurs d’estomac, la France se démarque par l’un des plus faibles taux d’éducation aux médias et à l’information. Pourtant, cette éducation semble plus que jamais nécessaire, alors même que les chatbots IA font leur entrée dans le classement et sont déjà utilisés comme source d’alimentation informationnelle par 4 % des utilisateurs.
Je vous propose de finir sur une addition positive. Les États Généraux de l’Information ont rendu leur note l’année dernière et propose au menu entre autres une meilleure éducation à l’esprit critique et aux médias dès l’école, de reconnaitre certains influenceurs comme source officielle d’information et assurer la pluralité des médias. Tout y est. Il ne manque plus que le courage de nos grand chefs politiques pour espérer que les préconisations du rapport soient appliquées sans attendre pour éteindre l’incendie qui s’annonce dans les cuisines.
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Merci pour votre écoute et à la semaine prochaine pour un nouvel épisode de la Tech à l’Envers.